Lapie et Sofer
Quelques mots sur les sociétés d'André Paturaud
Les applications photographiques d'industrie et d'édition (France ; 1948-1970)
Société française d'éditions réunies (1965-vers 1975)
La société LAPIE (Les applications photographiques d’industrie et d’édition) est créée en 1948. Ses ateliers et bureaux se trouvent à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), près de Paris, dans le quartier de La Pie. Peut-être ce nom a-t-il influé sur le choix du sigle et du logo de la société, représentée par l’oiseau du même nom. A Saint-Maur, LAPIE possède deux adresses : les 118 et 125 bis rue Garibaldi. Au 125 bis fonctionne un atelier photographique construit dès mars 1948. Il produit en 1950 des « cartes bromure, du matériel d’étalage, des enveloppes, papier, etc. ». En 1957, le fondateur de la société, André Paturaud, est autorisé à construire sur un terrain situé au 118 quatre édifices : l’un d’eux comprend un rez-de-chaussée de bureaux et un étage destiné à deux logements, les trois autres sont constitués de magasins pour l’entrepôt de photographies et de brochures. 1955 marque un tournant dans la vie de l’entreprise : elle se lance dans la production de vues aériennes. En mars 1955, André Paturaud sollicite une autorisation de travail aérien auprès de la Direction des transports aériens (DTA) du ministère des Travaux publics, du Transport et du Tourisme, et l’obtient le 2 avril suivant (19760074/97 : dossier LAPIE). Il déclare que les photographies aériennes seront destinées « aux publicités d’usines et à l’édition photographique ». Dans le même dossier une note du ministère de l’Intérieur du 29 mars 1955 mentionne l’objet de la société : « la fabrication et l’édition de photographies industrielles et de cartes postales », et des demandes de survol du département d’Indre-et-Loire pour les années 1959 et 1962 indiquent : « en vue d’effectuer des photographies aériennes de sujets intéressant l’illustration de publications pédagogiques ».
Les avions
Les campagnes aériennes commencent en 1955, après l’obtention de l’autorisation de travail aérien, et se poursuivront jusqu'en 1965. Les demandes de survol à basse altitude sont renouvelées périodiquement auprès du Secrétariat général à l’Aviation civile et commerciale (DGAC).
Le dossier LAPIE provenant de la DTA (19760074/97) permet de connaître précisément la composition de la flotte, propriété de l’entreprise, des Piper CUB ou J-3. De nombreux avions de cette firme américaine, utilisés par les Alliés pour des vols de reconnaissance et l’évacuation de blessés à la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe, furent revendus sur place.
En 1955, deux appareils sont mis en service, un troisième l’année suivante et un quatrième en 1957. En 1959, la flotte LAPIE comptera cinq Piper, jusqu’à six en 1963, rattachés à la base aérienne de Lognes-Émerainville.
De 1964 à 1972, le fonds LAPIE sera exploité par la Photothèque française (vendue au Archives nationales en 1972). Trois avions sont conservés par la SOFER (Société française d'éditions réunies), structure créée en 1965 pour exploiter le fonds de commerce LAPIE, peu de temps avant que la société LAPIE ne soit déclarée en redressement judiciaire.
Un des avions est vendu à la société Combier en 1965 par l’administateur provisoire de la société LAPIE. En 1967, Jean-Marie Combier (CIM) reprend le fonds de commerce et la collection aux enchères mais sans jamais pouvoir récupérer le fonds, qui se trouve aujourd'hui réparti entre les Archives nationales et le Musée Niépce.
Prises de vues aériennes
On ne connaît pas avec exactitude les dispositifs techniques des campagnes de photographies aériennes LAPIE, faute de documents d’archives documentant les activité de la société et de témoignages d’anciens salariés. La société LAPIE produit des vues aériennes « obliques », par opposition aux vues « verticales » ou « orthogonales », telles qu’en effectuait l’Institut géographique national (IGN). Ces dernières sont réalisées avec un appareil dirigé verticalement vers le sol, généralement à haute altitude, souvent à des fins techniques (réalisation de plans, étude de réseaux de circulation etc.). Pour les vues obliques en revanche l’appareil est incliné par rapport à l’horizon. Les vues obliques hautes, avec l’appareil se rapprochant de l’horizontale, permettent de fixer le paysage sur une grande distance, avec une part de ciel importante ; les vues obliques basses, avec l’appareil se rapprochant de la verticale, offrent un cadrage plus resserré.
Production photographique, activités éditoriales
L’essentiel de la production LAPIE est constitué de photographies aériennes, destinées aux éditions à vocation touristique et publicitaire (cartes postales, prospectus) et pédagogiques (documentation photographique pour l’enseignement de la géographie notamment).
La production LAPIE se rapporte à la France métropolitaine, les départements et territoires d’Outre-Mer n’y sont pas représentés. Les opérateurs ont privilégié les sites touristiques, en particulier le littoral aménagé ou non, les établissements balnéaires et toutes formes de campings réglementés ou « sauvages » en bord de mer, de rivière ou en pleine nature. Des hôtels et restaurants des zones touristiques font l’objet de prises de vues rapprochées. Le survol des agglomérations donne lieu à des vues d’ensemble, se concentre sur les édifices religieux et civils les plus remarquables. Les nouveaux quartiers périphériques ne sont pas oubliés : grands ensembles et lotissements pavillonnaires. En dehors des agglomérations, les paysages dans leur variété, les ouvrages d’art et les voies de communication sont abondamment représentés. Des établilssements industriels et installations agricoles sont également photographiés.
Toutes les photographies d’origine n’ont apparemment pas été publiées, et les recadrages sont fréquents pour composer les cartes postales.
Des vues au sol sont également réalisées. Le fonds conserve, pour quelques départements, des tirages et quelques reliquats de bandes de négatifs 24x30 mm.
La société commercialise par ailleurs une « Documentation aérienne pédagogique LAPIE », se fondant sur un arrêté du ministère de l’Éducation nationale du 8 janvier 1958. Ce dernier, paru au Bulletin officiel de l’Éducation nationale (n°4 du jeudi 23 janvier 1958) concerne une « liste de moyens d’enseignement jugés utilisables par les établissements publics d’enseignement », faisant ressortir « les documents recommandés pour être compris, par priorité, dans les acquisitions des services et établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale ». La Documentation aérienne pédagogique LAPIE y figure parmi trente-quatre autres éditeurs et producteurs de vues fixes.
Cette documentation consiste en des vues aériennes, tirages en noir et blanc de format 27 x 45 cm, datés et légendés au dos et regroupées en portfolios. Elle n’est représentée dans le fonds des Archives nationales que par un seul tirage, pour la ville de Paris (1PH/548).
Par ailleurs, André Paturaud a collaboré avec Marc Vincent, géographe, professeur agrégé à l'école normale d'instituteurs de Paris, pour la publication d’un ouvrage paru en 1958 aux Presses de Saint-Germain : Au-dessus de la France, ainsi que pour l'illustration de manuels de géographie édités chez SUDEL à compter de 1959.
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